À Lannion, le premier budget participatif lancé par la mairie a déjà reçu plus de 30 projets issus des habitants. Itinéraire bis vous propose un éclairage sur trois d’entre eux qui prennent en compte des problématiques liées à l’insertion.
Depuis le 1er février, la mairie de Lannion propose aux Lannionnais·es de faire fleurir leurs projets via un budget participatif. L’idée est de proposer un accompagnement et un financement pouvant aller jusqu’à 30 000€ par projet. Toute initiative d’intérêt général pour la commune est la bienvenue. Il en va de l’aménagement urbain, aux infrastructures de sports et loisirs en passant par les initiatives écologique.
« Il n’y a pas de critères de sélection particuliers puisque ce sont les Lannionnais qui choisiront les projets qui seront mis en œuvre », indique Anaïs Alasseur,chargée de mission développement local à la mairie de Lannion. « L’insertion n’est qu’un aspect des projets parmi beaucoup d’autres », poursuit-elle. À ce jour, 34 propositions ont été déposées, dont trois répondent à des problématiques d’insertion.

Le premier se penche sur la fracture numérique. Si son projet n’est pas encore bien ficelé, le jeune Enzo De Keguelin pense néanmoins qu’il faudrait « ouvrir de nouveaux services d’aide au numérique dans le centre-ville ». À tout juste 19 ans, le jeune homme en service civique à Pôle Emploi est chargé d’aider les personnes en difficultés face aux services numérisés. En parallèle, Enzo De Keguelin est régulièrement confronté à de nombreuses demandes d’ordre purement informatique. « L’autre jour j’ai dû aider un vieux monsieur qui avait un souci avec le service client de son mobile. Impossible pour lui de s’y connecter… » raconte-t-il. Enzo de Keguelin a à faire à des personnes âgées mais aussi des jeunes.
« Parfois ils accèdent aux ordinateurs de Pôle Emploi juste pour avoir du matériel informatique et une connexion internet », constate-t-il.
Sa proposition pour le budget participatif découle des ces observations : des espaces équipés en matériel informatique où l’on pourrait être aidé par un médiateur dans ses recherches internet, l’utilisation de périphériques, l’envoi d’email, le traitement de texte…
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Du théâtre et des balades en plein air
Dans la liste des projets culturels, il y a l’idée de Nathalie Malet. La toute jeune retraitée voudrait créer un théâtre de plein air ouvert à tous, où chacun·e peut s’exprimer librement et partager sa passion pour l’art. Nathalie Malet souhaite rendre la culture accessible à tous et toutes, y compris les publics les plus démunis. « Beaucoup de gens n’osent pas pousser la porte d’un théâtre. Ce kiosque en plein air retire la pression sociale qu’il y a autour du lieu culturel et crée un espace où il n’y a pas de barrière pécuniaire à l’entrée », assure-t-elle.

Dans son projet, il est question d’un kiosque en bois, édifié dans l’esprit des cités antiques. Le lieu permettrait d’accueillir des spectacles, du théâtre, des concerts, de la danse et autres animations variées.
« Plus qu’un kiosque dédié au théâtre, je vois ce lieu comme un espace public où se croiseraient les disciplines, les cultures et les différentes formes d’arts », précise l’initiatrice du projet.
Alors que la crise sanitaire sévit encore, ce lieu pourrait permettre de réanimer tout un pan de la vie culturelle sans pour autant compromettre la santé des Lannionnais·es.
Le théâtre de plein air pourrait-il être intégré dans l’itinéraire de balade en triporteur des résidents de l’EHPAD Paul-Hernot ? Pour ces personnes âgées ayant perdu leur mobilité, ces sorties proposées par l’association À vélo sans âge depuis plus de quatre ans permettent de réduire la souffrance liée à l’isolement.« Avec le triporteur, on ne va pas très vite. Cette faible vitesse permet aux gens qu’on transporte de voir du monde, discuter et maintenir du lien social. Parfois, je vais même boire un café avec eux », confie Élise Barreaud, pilote du triporteur 2 à 3 fois par semaine.

Problème : la batterie du bolide est à changer. Avec un petit coup de pouce financier de la mairie, le triporteur pourrait de nouveau aller plus loin et plus longtemps. Ce projet, comme tous les autres, sera prochainement étudié par la commission de suivi. Les projets retenus seront soumis au vote final des habitant·es en juin prochain via la plateforme en ligne et les urnes.
Paul Louault