TRAVAIL

Dans le Trégor, « les demandeurs d’asile montrent beaucoup de motivation »

Audrey Le Tinnier, travailleuse sociale à la mission locale de Lannion, décrypte l’insertion professionnelle des réfugié·es localement et l’accueil solidaire dont ils ont pu bénéficier.

En 2016, après le démantèlement de la «jungle» de Calais, une cinquantaine de réfugiés sont arrivés dans la région trégorroise, provoquant notamment l’opposition de militants du Front national (aujourd’hui Rassemblement national). Cinq ans après, Audrey Le Tinnier, travailleuse sociale à la mission locale de Lannion, fait le point avec nous sur l’insertion des réfugiés dans la société.

Quelles sont vos tâches au sein de la mission locale de Lannion ? 

J’accompagne les jeunes de 18 à 25 ans qui sont en demande d’asile ou qui ont reçu une protection internationale. Cette protection internationale est attribuée par un pays tiers à une personne exposée dans son pays à des situations de fortes insécurités mettant en péril sa vie. La majorité des demandeurs d’asile que je reçois sont d’origine afghane. La plupart ont eu affaire à des réseaux de passeurs. Ils ont vécu des choses difficiles. Une fois leur demande d’asile acceptée, je les aide à rédiger des demandes de logements sociaux, des avis d’impôts, des demandes de renouvellement de titres de séjour… Les réfugiés ont des ressources certaines, mais la langue française reste compliquée. Il faut les accompagner dans leurs démarches administratives. 

Comment ces demandeur·euses d’asile sont-iels arrivé·es dans le Trégor ?

L’Office français de l’immigration (OFII) oriente de moins en moins les demandeurs d’asile dans des grandes villes : il n’y a plus beaucoup de place. L’OFII préfère les orienter dans des plus petites villes comme à Saint-Brieuc, Guingamp ou encore Lannion. C’est comme ça qu’ils arrivent ici. Une fois que leur demande d’asile a été accordée, soit ils font le choix de rester dans le secteur, soit ils déménagent, à Rennes par exemple. Ces déménagements dépendent surtout de leur emploi, des formations et des possibilités de logement. La plupart d’entre eux préfèrent rester dans le Trégor. Dès qu’ils ont obtenu leurs papiers, leur but premier est de trouver un travail et mes collègues de l’équipe emploi les accompagnent.

Est-ce que les réfugié·es accueilli·es dans le Trégor s’insèrent facilement sur le plan social et professionnel ?

Une grande partie de ceux qu’on accompagne à la mission locale ont un emploi. Les demandeurs d’asile montrent beaucoup de motivation et une envie de gagner de l’argent pour être autonomes financièrement. Beaucoup travaillent dans le secteur agricole.  Les employeurs y recrutent beaucoup d’étrangers, même si je ne suis pas forcément d’accord avec ces pratiques car la plupart ont fait des études dans leur pays d’origine. Ces tâches sont en dessous de leurs compétences. D’autres travaillent aussi à Lannion-Trégor Communauté, notamment à la recyclerie. Ils ont une forte envie d’apprendre et de se former. Une grande solidarité s’est créée autour d’eux. On trouve toujours des gens prêts à aider les réfugiés, aussi bien dans leur paperasse que pour les emmener à un rendez-vous médical. Les initiatives comme Les Gens heureux d’accueillir des réfugiés à Trégastel et Trébeurden [un collectif créé à Trebeurden en 2016, NDLR] se pérennisent. Ce type de collectif existe aussi au Vieux-Marché ou à Penvénan et permet d’accompagner les réfugiés dans leur recherche d’emploi et de créer du lien social.

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