SOCIÉTÉ

L’éducation, pilier de la liberté

Pour que les petites filles puissent un jour devenir maçonnes ou pêcheuses, il faut ouvrir leur champ des possibles et ce dès le plus jeune âge.

L’informatique pour les garçons, le social pour les filles. Pour échapper à ce carcan, il est nécessaire de déconstruire les métiers « masculins » et « féminins » en prenant le problème à la racine. « Pendant les études supérieures ou en entreprise, il est trop tard » pour se défaire de ce conditionnement, assure Margaux Terrou, professeure d’éthique sur l’histoire des femmes et fondatrice du cabinet Her’oes and associates. Elle conseille aux écoles primaires « d’organiser des journées découverte des métiers pour ouvrir le champ des possibles aux élèves, sans distinction de sexe. Au collège et au lycée, il faut les écouter et prendre en compte leurs envies ».

Dans le monde professionnel, certaines choses peuvent néanmoins évoluer, comme l’organisation du travail. « Il y a des responsabilités à prendre, des politiques plus égalitaires à mener », affirme Rebecca Rogers, professeure d’histoire de l’éducation et chargée de mission parité à l’université Paris-Descartes.

Traditionnellement, les femmes sont peu disponibles le mercredi après-midi et en fin de journée, enfants obligent.

Elles sont absentes des réunions de 17h, des échanges informels de 18h, pourtant si essentiels dans une carrière. « En France, il y a la culture du présentéisme. Si on est beaucoup au travail, on bosse bien », assure Margaux Terrou, qui préconise de miser sur le travail rendu plutôt que sur le temps passé au bureau. Sensibiliser, c’est ce qu’elle réalise avec son cabinet Her’oes and associates, à travers des ateliers dédiés à l’égalité professionnelle dans les entreprises.

3 000 euros pour étudier

Des aides plus concrètes peuvent également être mises en place pour soutenir professionnellement les femmes. À Lannion, le club féministe Soroptimist accompagne les femmes qui souhaitent s’orienter vers des métiers masculinisés. Les membres de l’association font notamment du mentorat. Elles se servent de leur réseau professionnel pour partager leurs connaissances et aider des femmes à trouver des stages.

Toute l’année, le club récolte des fonds à travers des actions, comme le week-end Talents de femmes, durant lequel des artistes femmes exposent leurs œuvres, pendant que l’association vend des tickets de tombola. Avec le pactole amassé, « l’association octroie chaque année à une femme une bourse de 3 000 euros par an pour étudier », explique Danièle Sicot, la présidente du club lannionnais.

Manon Maignan est la dernière à avoir bénéficié de cette aide. Originaire de Plouagat, entre Guingamp et Saint-Brieuc, elle suit maintenant un double cursus en architecture et en ingénierie à Prague. Une formation qu’elle n’aurait pas suivie sans la bourse.

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