Boîtes de productions, distributeurs, financeurs… Le monde du cinéma semble vivre à Paris. Des réalisateurs bretons ont pourtant réussi à s’y intégrer.
Devenir réalisateur·trice lorsque l’on vit dans les Côtes-d’Armor, mission impossible ? Pas selon Nicolas Raoul, réalisateur de fiction lannionnais. « Je n’ai jamais senti de barrières se dresser parce que je venais des Côtes-d’Armor ». Pour le documentariste costarmoricain Alan L’Estimé, ne pas être à Paris est un vrai handicap. « 98% de l’activité est à Paris ». Cela ne l’a pas empêché de côtoyer le monde de l’audiovisuel depuis une vingtaine d’années. Il a d’ailleurs créé en 2008 sa boîte de production avec laquelle il a pu écrire, réaliser et produire des documentaires. Un choix de format qu’il justifie par une impossibilité de créer de la fiction.
« J’avais envie d’en créer, mais c’était impossible à l’époque »
Des difficultés qu’il justifie par un manque de considération de la part des décideur·euses. Pas de quoi décourager Nicolas Raoul. Le Lannionnais est auteur de plusieurs courts-métrages, sélectionnés dans les festivals, et de la série Portrait(s), disponible sur YouTube. Selon lui, rentrer dans le monde du cinéma avec des histoires originales, c’est possible. « Les jeunes auteurs peuvent tout à fait s’insérer dans le monde du cinéma. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut persévérer pour essayer de faire sa place ». Il n’estime pas encore avoir gagné la sienne. « Je ne me considère pas encore comme intégré dans le monde du cinéma, puisque je n’ai encore jamais rien gagné avec ce que j’ai créé ».
« Je préfère apprendre par moi-même »
Un point unit les deux réalisateurs : ils n’ont pas côtoyé les écoles de cinéma. Même si Nicolas Raoul est issu de l’option cinéma du collège Savina de Tréguier, cet autodidacte n’a jamais voulu d’une école. « Je ne voulais pas qu’on m’apprenne à faire du cinéma. Je préfère apprendre par moi-même. Je n’aime pas avoir des règles préconçues sur comment je dois réaliser ».
Une approche partagée par Alan L’Estimé, qui a commencé à travailler dès le lycée avec des chaînes de télévision amateures. Une expérience qu’il a poursuivie en tant que technicien sur les plateaux de tournage.

Milieu fermé et éreintant
Avec sa boîte de production, Alan L’Estimé a mis sur pied plusieurs documentaires. Un type de production qu’il n’a pas tenu au fil des années, les contraintes étant trop fortes.
« Pour être diffusé, il faut être dans les clous. On me demandait encore et encore de réécrire mon documentaire. Si on ne suit pas ces directives, on ne trouve pas de diffuseur à la fin. »
Une situation qui l’a fait quitter le monde du documentaire pour réaliser des films plus institutionnels, lui permettant « d’être plus libre ». Des réalités qui semblent pourtant évoluer lorsqu’on entend Nicolas Raoul. « Aujourd’hui, avec Internet, on peut réaliser des courts-métrages avec presque rien. N’importe qui peut proposer des scénarios, démarcher des boîtes de productions ». Le monde du cinéma n’est donc pas si inaccessible pour les réalisateur· trices provinciaux, même si les élu·es restent rares.