À Lannion, le café-spectacles Le Pixie a lancé un projet de tremplin musical sans public et en vidéo le 26 février dernier. L’objectif est simple : soutenir les jeunes artistes du territoire. Une initiative symbolique en période de crise sanitaire, menée par une association déterminée à maintenir une activité culturelle.
Des couloirs presque vides, dans un silence aujourd’hui quasi-habituel. Dans un coin, un babyfoot abandonné jouxte une salle autrefois dédiée aux jeux vidéos, avant l’apparition des premières restrictions. À Lannion, le Foyer des jeunes travailleurs (FJT) a des allures fantomatiques en cette période de crise sanitaire. Géré par le Foyer, le Pixie, café-spectacles réputé de la ville costarmoricaine, est lui aussi désert, comme à l’abandon. Pour aider les jeunes musicien·nes du territoire lannionnais, la structure a lancé un projet de tremplin musical pour les 16-30 ans. Les artistes en devenir ont ainsi jusqu’au 17 avril pour envoyer leurs créations sonores au jury. Quant aux heureux élus et heureuses élues, ils et elles se produiront sur scène, a priori sans public, les 5 et 6 juin prochains.
La crise sanitaire affecte sévèrement les jeunes et notamment les étudiant·es. C’est ce constat qui a partiellement motivé le projet de tremplin musical. « Il y a beaucoup de décrochage scolaire, d’étudiants en train de lâcher », constate Alliancine Le Coz. Installée dans un bureau aux murs tapissés d’affiches de films, l’animatrice regrette l’absence d’animations culturelles en pleine crise sanitaire. Dans la continuité des événements proposés avant la pandémie, le concours illustre bien les valeurs des membres du Foyer : « Au-delà de voir le Pixie comme une salle de spectacles, il y a aussi un projet social d’insertion des jeunes », explique l’animatrice en ajustant son masque.
«Créer du lien»
Au départ, l’association envisageait de laisser l’entière gestion du café-spectacles aux jeunes du territoire. Mais la crise sanitaire a bousculé les projets et empêché leur concrétisation. « Ce tremplin fait le lien avec le projet initial », expose Alliancine Le Coz en se redressant. « L’idée était de montrer aux jeunes que la salle est là sur le territoire -parce qu’ils ne la connaissent pas tous- et qu’on peut créer du lien avec ». C’est ce qui avait motivé Zoé Bardin, 18 ans, à « postuler pour un service civique au sein de l’association », glisse l’intéressée.
Responsable du projet, elle s’occupe du Pixie depuis octobre 2020. T-shirt aux couleurs du café-concert, la jeune fille l’assure : la sélection musicale du tremplin sera éclectique. Rap, pop ou encore électro seront ainsi au rendez-vous. Pour candidater, pas d’audition mais l’envoi d’extraits de morceaux par mail à l’association. Ses membres se chargent ensuite de sélectionner les artistes.
«C’est un besoin de tout le monde»
Confiante pour le concours, Alliancine Le Coz s’amuse de son succès sur les réseaux sociaux : « Les publications classiques, habituelles du Pixie [n’ont] jamais eu autant de partages ! ». Après plusieurs années passées à gérer le café-spectacles, l’animatrice connaît les dynamiques présentes chez les jeunes. Elle sait que le Trégor regorge de jeunes musiciens ayant besoin de développer leurs projets musicaux. Travailler son projet musical dans un lieu dédié était déjà compliqué pour les jeunes artistes avant la pandémie. Les restrictions sanitaires ont ensuite eu raison des après-midi de répétitions, et des soirées de concerts.
Le projet de tremplin musical est donc une bouffée d’air frais pour les artistes. « On a eu déjà suffisamment de retours pour savoir que c’est un besoin de tout le monde », rebondit fièrement Zoé, passionnée de musique “depuis la troisième”. Le coup d’envoi est donné : il ne reste plus aux jeunes artistes à se lancer… dans l’espoir de décoller.