SOCIÉTÉ

« Nous n’avons rien fait depuis un an dans le domaine carcéral alors que nous avons envie d’agir »

Depuis la crise sanitaire, l’association ECTI (Entreprise-Collectivités-Territoriales-Insertions) des Côtes-d’Armor ne peut plus poursuivre son partenariat avec la Maison d’arrêt de Saint-Brieuc. Pierre Maillard, délégué départemental, se dit pourtant « prêt à reprendre du service ».

Composée de seniors,  l’association ECTI œuvre pour la réinsertion professionnelle dans le milieu carcéral. Sa mission : formaliser les projets professionnels des détenus afin qu’ils soient capables de les expliquer et les défendre devant un juge pour bénéficier d’un aménagement de peine. Mais aujourd’hui en raison du risque de contamination, les bénévoles n’ont toujours pas accès à l’établissement pénitentiaire. 

Depuis quand n’êtes vous pas retourné à la Maison d’arrêt ?

Dès qu’il y a eu le confinement (le 16 mars 2020, ndlr), l’administration pénitentiaire nous a envoyé un mail pour prévenir de la suspension de nos ateliers au sein de ses murs, mais aussi en milieu ouvert, où l’on travaille avec des détenus possédant un bracelet électronique.

Pourtant, les visiteurs de prison, eux, ont pu y retourner dès le mois de mai… Comment expliquer ce double traitement ? 

Je ne connais pas les critères exacts selon lesquels ils ont pu reprendre, mais nous n’avons pas le même type de fonctionnement. Premièrement, les activités de l’association se font en groupe alors que les visiteurs interviennent individuellement. La deuxième raison, c’est qu’ils les voient au parloir à travers un plexiglas, alors que nous, on intervient dans une même pièce. L’administration pénitentiaire pense, à juste titre, qu’il ne faut pas prendre de risque de contamination. 

Qu’a fait l’association depuis tout ce temps ?

Malheureusement, nous n’avons rien fait dans le domaine carcéral alors que nous avons envie d’agir. Nous sommes coincés. Néanmoins, nous gardons nos activités auprès des missions locales, Pôle Emploi, ou dans les collectivités territoriales, en visioconférence. C’est un moyen de ne pas rester inactifs. 

Pourquoi ne pas utiliser les visioconférences avec les détenu·es ? 

Pour le moment, on ne nous a pas proposé ce nouveau moyen de communication. En général, l’association a interdiction de rentrer avec ses outils numériques. Elle doit compter sur la Maison d’arrêt. Peut-être que celle de Saint-Brieuc n’est pas assez équipée dans ce domaine. 

Aujourd’hui, quel est le sentiment prédominant des adhérent·es ? 

La situation sanitaire désole l’association, les détenus, mais aussi la Maison d’arrêt. Nous sommes complètement au point mort. Nous sommes 20 bénévoles et tous sont tristes de ne pas pouvoir transmettre nos connaissances. Nous préparons le retour  des détenus dans la vie de tous les jours. C’est frustrant de ne pas pouvoir continuer ! Malgré l’envie d’agir, nous subissons les décisions pénitentiaires. Nous sommes prêts à reprendre du service. 

Quels impacts cette absence a-t-elle pour les détenu·es suivis par l’association ? 

Ils ont été livrés à eux-mêmes du jour au lendemain. 70 % d’entre eux ont entre 18 et 35 ans, et ont besoin de cet appui nécessaire pour leur réinsertion. À la reprise d’activité, il va falloir faire un bilan de chacun. 

Quand votre retour est-il prévu? 

Aucune reprise d’activité n’est prévue pour le moment. En tout cas, le partenariat entre ECTI Côtes d’Armor et la Maison d’arrêt de Saint-Brieuc ne mourra absolument pas ! Tous les deux mois, on relance l’administration pénitentiaire pour leur rappeler notre existence et leur montrer notre détermination à reprendre du service.

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