Depuis le 11 mars, l’Union Européenne est une zone de liberté LGBT+. A Lannion, des personnes de la communauté cherchent encore leur place. L’association Hollden veut leur venir en aide.
Lyse aimerait se sentir à l’aise. Lycéenne à Lannion et ouvertement transgenre depuis un an et demi, elle a parfois du mal a assumer sa transition : “Certains de mes professeurs m’appellent encore par mon nom de naissance (N‧d‧l‧r. : Lyse a changé de prénom) et ça me fait me sentir mal. Faire partie d’une association me permettrait de rencontrer de nouvelles personnes et de m’épanouir.”
Une association venant en aide à la communauté, Andbraiz, a existé à Lannion. Elle a finalement mis la clé sous la porte en 2016 faute de temps et d’argent. La communauté LGBT+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, etc.) cherche à retrouver un lieu de rencontre.
C’est pour répondre à ce manque que Marie Montlouis-Gabriel, animatrice en accueil de loisir à Brest, a décidé de monter une nouvelle association à Lannion. Projet qu’elle a monté avec des camarades rencontrés sur le forum d’Andbraiz. “L’association s’appellerait Hollden, pour Humains en breton. Avec le Covid-19, nous n’avons pas encore réussi à nous déclarer mais nous cherchons activement des locaux en ville pour nous implanter”, déclare-t-elle. L’enjeu de cette association serait “d’avoir un lieu physique pour se rencontrer entre LGBT+” explique Marie Montlouis-Gabriel.
Une hausse de la haine anti-LGBTQI+
Une nouvelle association qui ferait sens dans un contexte politique européen complexe. Après des politiques anti-LGBT+ en Pologne et Hongrie, le Parlement européen a déclaré “l’UE comme une zone de liberté LGBT+”. Mais les pays de l’Est ne sont pas les seuls où la haine anti-LGBT+ se perpétue. En France aussi, les chiffres s’affolent. Le 17 mai 2020, le ministère de l’Intérieur a souligné que les crimes et délits commis en 2019 à l’encontre des LGBT+ ont augmenté de 36 % par rapport à 2018. Ce qui confirme une tendance depuis deux ans, après une augmentation de 33 % en 2017.
Yuna, lesbienne de 17 ans, aimerait faire partie d’une association à Lannion. Celui lui permettrait de faire son coming-out sans craindre d’être victime de violences : “Je ne peux pas en parler avec ma famille, m’ouvrir à des gens qui me comprennent serait plus simple”, raconte-elle.
Si la situation actuelle ne permet pas des rencontres, les membres d’Hollden essaient d’être présents sur les réseaux sociaux, avec un compte Instagram (@Holldenlannion) et une conversation Discord (réseau social pour discuter à distance) ouverts à tous. Le but : faire le relais entre les personnes LGBT+ et les allié·es (personnes soutenant leur cause). Marie Montlouis-Gabriel et ses associés espèrent ainsi “maintenir le contact un maximum”.
Une association pour s’épanouir
La plupart de leurs abonné·ées leur ont d’ores-et-déjà annoncé être “contents de la mise en place d’une association sur Lannion et ses alentours”. Manon, lycéenne bisexuelle à Lannion, est l’une d’entre elleux. “Au lycée, on est mal accompagné, relate cette dernière. Il y a pas mal d’homophobie entre camarades”. Pouvoir discuter de sa sexualité dans un lieu de rencontre lui permettrait de “ne plus se sentir exclue” mais aussi de “s’exprimer”.
Une homophobie en hausse : en 2019, l’association SOS Homophobie a recensé une augmentation de 26% des témoignages de victimes. C’est le deuxième total le plus élevé depuis la création de l’association, derrière 2013, année de l’adoption de la loi Taubira pour le mariage pour tous·tes. Les plaintes déposées pour injures, menaces et violences subies du fait d’une orientation sexuelle ou d’une identité de genre, ne sont toutefois que la partie émergée de l’iceberg. Selon le ministère de l’Intérieur, seules 5 % des victimes d’injures à caractère anti-LGBT porteraient plainte, et environ 20 % des victimes de menaces ou violences auraient porté plainte en 2019.
Pour mieux les insérer dans la société, l’association Hollden a des tonnes de projets en tête pour Lannion. “Faire des interventions dans les classes de collège et lycée, instaurer une marche annuelle en l’honneur de la communauté, installer quelque chose de permanent pour venir et se sentir à l’aise” conclut Marie Montlouis-Gabriel.
Crédit photo : Frank Prigent