SPORT

« L’âge n’est pas un frein » pour faire du Parkour à Lannion

A Lannion, les jeunes sont de plus en plus nombreux.ses à pratiquer le parkour. Mais l’art du déplacement séduit aussi des quadragénaires.

 Il est 16 h lorsqu’une dizaine de temeraires se rassemblent dans le froid hivernal, prêts à faire du bitume et des obstacles en bois leur terrain de jeu. Parmi eux, il y a David Le Bec, 49 ans, venu s’entraîner avec son fils. Le professeur d’arts appliqués n’en est pas à sa première séance.

Lui qui s’est intéressé au parkour par hasard, en cherchant un sport pour son fils, a fini par rester après plusieurs séances de test. « J’ai essayé et ça a tout de suite marché. Le parkour est un sport dans l’air du temps », affirme-t-il. Saut d’une rampe à un banc, course à la verticale sur un mur, réception précise sur du métal glissant : pour ces apprenti·es acrobates, il s’agit d’aller vite mais aussi d’être dans le beau. « Il y a un côté esthétique, presque artistique dans lequel je me retrouve », confie l’aîné du groupe. Leurs « passements » sont à mi-chemin entre le saute-moutons, le sprint et le spectaculaire. 

À 49 ans, David Le Bec est le doyen du groupe. Il vient régulièrement s'entraîner le samedi avec le groupe. | Photo Paul Louault

« Chacun progresse à son rythme »

Parfois clairsemées de ratés, les tentatives sont de plus en plus fluides. Si une personne chute, le groupe s’arrête un instant et s’assure qu’elle n’est pas blessée. Quand il s’agit de faire une roulade sur un module en bois de vingt cm de large et d’un mètre de haut, la tension se fait sentir. « Quand on rate, personne ne se moque. Au contraire, les gens s’encouragent. Le groupe est vraiment dans un état d’esprit que je n’ai jamais retrouvé dans toutes les autres activités sportives que j’ai pu faire par le passé », raconte Alexandre Bechet-Perrot, sportif acharné de 45 ans passé par le bowling, la boxe thaï et la course à pied.

Une bienveillance qui s’inscrit au cœur des valeurs portées par les traceurs, les pratiquant·es du parkour. « Il n’y a pas la place pour l’égo ou la compétition dans le parkour », affirme Mattéo Latruffe, 20 ans. Cela fait maintenant huit ans que lui et son frère Allan, de deux ans son aîné, pratiquent ce sport. Depuis septembre 2020, les frangins proposent des séances d’entraînement via leur association Parkour Lannion. 

Le groupe s’approprie un passement en fonction du niveau de chacun·e  Photos Paul Louault

Lors des séances, Mattéo Latruffe montre un mouvement puis le décline par degré de difficulté. À chacun·e de choisir la variante la plus adaptée à son niveau. « Je propose les mêmes mouvements à mon groupe de jeunes et d’adultes. Leurs capacités sont pourtant radicalement différentes. C’est simplement mon approche qui change », explique le jeune Lannionnais. Une dynamique qui fédère le groupe autour de la même envie de progresser et ce, malgré l’écart d’âge qui les sépare.

Et ça marche. « Le parkour regroupe tout ce que j’aime dans le sport. La liberté, l’agilité, la souplesse, la course… », dixit Alexandre Bechet-Perrot, les yeux rivés sur les autres membres. « Ils pourraient tous être mes enfants », rigole-t-il. La cohésion du groupe montre à quel point l’âge n’est pas une marque de différence. Que l’on soit jeune, vieux, vieille, peu importe. Seules les capacités physiques et la volonté de chacun·e varient selon David Le Bec. « Ici, il n’y a pas de jugement sur notre âge. Chacun progresse à son rythme en fonction de ce qu’il sait faire, avec ses propres objectifs et tout le monde s’y retrouve », précise ce grand monsieur à lunettes.

Être à l’écoute de son corps

Le parkour, le freerunning et l’art du déplacement sont des disciplines sportives nées dans les années 1990, en banlieue parisienne. Le film Yamakasi et plus récemment Banlieue 13 ont mis en lumière ce sport auprès du grand public. Acteurs dans le premier film, les membres de cette bande à l’origine de la discipline sont des athlètes, encore en activité aujourd’hui. A plus de 40 ans, ils sont de véritables exemples de longévité pour les quadragénaires du groupe lannionnais.

« Je veux me prouver que je ne suis pas 

trop cassé », s’amuse David Le Bec.

« Mon âge, je le sens parfois pendant les séances. Mais ce n’est pas un frein, au contraire », assure- t-il, malgré une légère douleur au poignet en fin d’entraînement.

L’écoute de leur corps, c’est justement ce qu’apprécie Mattéo Latruffe quand il encadre des adultes. « Ils bougent avec plus de responsabilité et respectent davantage les consignes que les jeunes. A l’échauffement, eux, ils s’échauffent… ça évite les petites blessures un peu idiotes », ironise-t-il.

Très prochainement, Lannion sera doté du premier « parkour parc » de Bretagne. Un équipement inédit qui permettra à tous et toutes de se perfectionner sereinement sur des modules adaptés et un sol amortissant. De bon augure pour toutes les générations de traceurs du Trégor.

Paul Louault

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