SOCIÉTÉ

« Quand on se réunit, c’est toujours pour parler de Soroptimist »

Lundi 8 mars, le club féministe Soroptimist de Lannion s’est réuni pour une marche autour de l’Île Grande. L’occasion pour ses douze membres de se retrouver pour la première fois depuis des mois.

C’est sous un ciel nuageux que le club Soroptimist de Lannion, défenseur des droits des femmes, se retrouve à la base nautique de l’Île Grande lundi 8 mars. Chaussures de marche, vestes chaudes et bâtons de randonnée sont au rendez-vous. Seule Marie-Chantal, membre fondatrice du club lannionnais en 1978, est absente. A 87 ans, c’est la plus âgée du club. « Elle est retenue chez elle par son plombier », explique en riant Danièle Sicot, l’actuelle présidente de l’association. Cette marche, opportunément organisée lors de la Journée annuelle des droits des Femmes, c’était le seul moyen de se retrouver après de longs mois à ne pouvoir échanger qu’au travers d’un écran.

C’est la première fois que les membres de Soroptimist Lannion se revoient. Photo Marion Mergault

C’est parti pour deux heures de marche et de discussions autour de l’Île Grande. Les onze Soroptimist se mettent en route sur le sentier qui borde la Manche. L’ambiance est joyeuse, des rires s’échappent derrière les masques. C’est l’occasion de se partager les dernières nouvelles. Danièle Sicot en profite pour présenter l’association à l’une des membres les plus récentes : créée aux États-Unis en 1921, Soroptimist est une ONG internationale composée uniquement de femmes. Les clubs, éparpillés dans le monde entier, mènent des actions concernant la santé, l’éducation, l’environnement ou encore les violences faites aux femmes et aux enfants. Habituellement, le 8 mars, le club de Lannion organise « Talents de femmes », une opération destinée à mettre en lumière le travail de femmes artistes et à récolter des fonds, qu’elles utilisent notamment pour faire des dons.

« Soroptimist se distingue des autres associations car, au départ, elle était composée uniquement de “membres professionnelles” qui avaient un emploi. »

Marie-Christine Le Serre

« Leur réseau et leurs compétences pouvaient être utiles à Soroptimist », complète Marie-Christine Le Serre, «Sorop’» depuis 2007, et vêtue d’une veste bleue au logo du club.

Marcher pour se rassembler

Malgré l’impossibilité de se regrouper comme à leur habitude à la salle du Rotary, à Lannion, Christine Fournis, chargée de communication et ancienne présidente, souligne l’aspect positif de ces mois de confinement. « Cela m’a permis de connaître d’autres Sorop’ de France, de poser des visages sur des noms grâce aux réunions Zoom. Ça a créé un lien. »  De nombreuses formations en ligne ont également été proposées, l’occasion d’apporter de nouvelles connaissances et des idées neuves.

Car les douze Sorop’ lannionnaises ne manquent pas d’inspiration. Se retrouver leur permet de partager leurs réflexions. « La moyenne d’âge augmente alors que nous sommes censées travailler et avoir un réseau professionnel », regrette Marie-Christine Le Serre sur un sentier sablé non loin de la mer. En effet, la plupart des membres sont à la retraite et de jeunes adultes manquent cruellement à l’appel. La piste d’un possible « tarif étudiante » s’immisce alors dans les esprits, reste à savoir si elle sera concrétisée.

«Ça me manquait de ne pas m’occuper des autres»

La marche continue, chacune rentrant chez elle quand elle le souhaite. Naturellement, la petite troupe fait quelques pauses mais les bavardages ne cessent jamais. « Quand on se réunit, c’est toujours pour parler de Soroptimist », glisse Danièle Sicot. Pourtant, les collègues sont devenues des amies et des amies, des collègues. « J’étais amie avec Christine Fournis, qui était membre du club depuis 2006. Elle m’en parlait toujours », raconte-t-elle. « Avant d’être à la retraite, j’étais kinésithérapeute. Ça me manquait de ne pas m’occuper des autres. J’ai intégré l’association il y a deux ans et je suis rapidement devenue présidente il y a 6 mois. »

S’occuper des autres, un besoin qui revient dans les mots de Christine Fournis : « Mon mari faisait partie d’un club masculin et les enfants n’étaient plus à la maison. J’avais envie de venir en aide aux autres, de donner de mon temps. »

Dans les mois à venir, le club espère mener à bien le projet « Les Petits Bois de Suzanne Noël », pour financer le reboisement d’une partie de la ville.

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